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Vie de livres

Misery

 

misery

4ème de couverture :

Misery, c’est le nom de l’héroïne populaire qui a rapporté des millions de dollars au romancier Paul Sheldon. Après quoi il en a eu assez : il a fait mourir Misery pour écrire en fait le « vrai » roman dont il rêvait. Et puis il a suffi de quelques verres de trop et d’une route enneigée, dans un coin perdu… Lorsqu’il reprend conscience, il est allongé sur un lit, les jambes broyées dans l’accident. Sauvé par une femme, Annie. Une admiratrice fervente…qui ne lui pardonne pas d’avoir tué Misery.

Et le supplice va commencer.

Sans monstres ni fantômes, un Stephen King au sommet de sa puissance nous enferme ici dans le plus terrifiant huis clos qu’on puisse imaginer.

 

Mon opinion :

Salem commençait par une description de tout un tas de personnages. Et bien là, ils ne sont que 2. Pas besoin de description, on plonge dans le sujet. Comment rendre passionnante une histoire à huis clos ? et bien il l’a fait, nous maintenant dans une ambiance à nous rendre claustrophobe, une ambiance rendu horrifiante par l’atmosphère sordide de la situation et d’autant plus impressionnante qu’elle pourrait exister dans la vie réelle. L’horreur se trouve tout simplement dans la folie sadique d’une fan déçue.

King m’épate par son sens de l’observation des humains. Normal pour un écrivain, me répondrez vous, mais non…il a un talent particulier. Il fait preuve d’un parfait cynisme, remarquant des petites choses auxquelles on ne fait pas attention. Si bien que ses personnages sont encore plus proches du lecteur. Je pense en particulier à certaines scènes, lorsque Paul par exemple est contraint de boire l’eau sale du seau. A ce moment là, il pense que s’il s’en sort, il ne pourra jamais raconter ça à personne tant il est humilié. Il y a des tas de détails, auxquels nous ne pensons pas, mais que nous ressentons tous, et que King écrit.

 

On ne peut manquer aussi de relever les réactions de la personne séquestrée et maltraitée, qui a si peur qu’elle se tait alors que les secours sont juste à côté, à cause de la crainte d’être punie, situation souvent évoquée, malheureusement, dans l’actualité et que nous autres ne comprenons pas. On a envie de dire au héros de hurler, car les secours sont juste là….mais non…il ne peut pas.

 

King nous livre en plus une sorte d’autocritique, puisque son héros est écrivain comme lui, n’hésitant pas à traiter d’égoïste l’écrivain aux manies capricieuses, montrant quelle est l’importance de ce qu’il vient d’écrire même aux dépends de sa propre vie, soulignant qu’en tant normal la moindre contrariété nuirait à son inspiration. Il  a, à propos de son talent d’écriture, une phrase magnifique, un moment poétique dans un livre si dur : Le héros connaît des nuits agitées, chargées de cauchemars. Lorsqu’ enfin il écrit, inlassablement, jusqu’à l’épuisement, remplissant les pages des aventures de son héroïne pour fuir sa terrible réalité, il connaît enfin une nuit calme, sans cauchemar ni rêve. Et là King nous dit :  « Il ne se réveilla pas de la nuit pour la première fois depuis qu’il était sorti du nuage gris, et pour la première fois aussi pas un seul rêve ne vient troubler son repos. Il avait déjà rêvé, éveillé. »

La dégringolade dans la folie d’Annie est passionnante et résulte certainement de longues recherches documentaires sur les psychoses. Elle s’enfonce de plus en plus, et le héros sait d’avance ce qui va provoquer une réaction violente de sa part, augmentant le malaise du lecteur. On se dit « oh la la, s’il fait ça….ça va faire mal ».

Le livre est teinté d’un humour noir incroyable. Des tas de remarques sont faites et allègent la pression sur le lecteur. 
A noter vers la fin du livre, une scène relevant d’une hallucination du héros suite à son traumatisme et introduite par King d’une façon intéressante : il commence par définir 3 mots (scénario, écrivain, trompe l’œil) les utilisant ensuite dans une phrase qui est le point de départ d’une hallucination.

Un livre excellent. Un grand moment de lecture.

 

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